Bonjour chers lecteurs ! Avant de débuter, je vous propose un petit point important car ce numéro de la rubrique change la donne !

En effet, notre rubrique oldies ne s’appellera désormais plus Le Monde Perdu mais devient RetroComics, ou RetCom, un nom plus neutre mais plus représentatif de son contenu. Car oui, la ligne éditoriale de la rubrique va changer ! Nous revisiterons maintenant ensemble les plus grandes histoires que nous ont donné toutes ces grandes maisons d’éditions que sont Marvel, DC mais aussi bientôt Image. Désormais, cette rubrique vous proposera donc de manière récurrente des lectures vous sortant de la modernité ambiante en revisitant les grands classiques du medium. Mieux, ces articles ne seront en aucun cas un résumé de ce qui vous attendra dans ces ouvrages, ce seront systématiquement des compagnons de route tentant d’approfondir certains aspects intéressants liés à ces grandes histoires, comme nous l’avons fait dans la plupart des numéros précédent.


Le Monde Perdu est mort ! Vive RetCom !




Pour ce premier numéro de RetroComics, nous nous mettons à la page avec le superbe dossier réalisé par Davids sur Blackest Night, et nous parlerons pour l’occasion d’une histoire de Green Lantern qui a vraiment fait date en son temps : Emerald Twilight !



Tout d’abord, il est important d’expliquer le contexte. Cela fait trois ans et demi qu’a démarré le 3è volume des aventures de Green Lantern, la série marche plutôt bien et a vu de très bons auteurs et dessinateurs se succéder, en faisant l’un des succès critique de l’époque. Malgré tout, lorsque l’on regarde tout cela avec nos yeux de lecteur moderne, cette série restait tout de même plutôt classique, elle proposait en effet de suivre les aventures de Hal Jordan , parfois accompagné de ses amis du Green Lantern Corps, à travers la galaxie. Bref, tout cela était très bon mais terriblement classique, et il fallait que tout cela change !


Ce fut chose faite avec Green Lantern #46, un chapitre tie-in à l’histoire Reign of the Supermen, dans lequel nous découvrons l’association surprenante (et surpuissante) entre les terribles Mongul et Cyborg Superman … qui vont tout simplement rayer Coast City de la carte ! Vous imaginez les conséquences que cet évènement a sur l’état d’esprit de notre héros, Hal Jordan, ayant tous ses souvenirs d’enfance et la majeure partie de ses proches et connaissances résidant dans la ville et qui périssent donc tous lors de son annihilation.




Emerald Twilight, arc formé des numéros 48 à 50 de la série est donc la conséquence de cet évènement et va prendre une tournure plutôt inattendue !

Cette histoire est une véritable tragédie en trois actes – dénommés simplement Passé, Présent et Futur – dans laquelle nous assistons à l’une des plus belles mise en abîme de l’histoire des comic books. Sa construction est parfaite et en 80 pages environ, Ron Marz signe là l’une des histoires les plus marquantes de ce héros, mais également tout simplement du medium !

Dans un premier temps, il nous présente un Hal dévasté par l’horrible vision de « sa » ville réduite à un énorme cratère encore fumant. Ce premier chapitre très émouvant le montre donner forme à son ancienne vie grâce au pouvoir de l’anneau vert et nous permettra ainsi de profiter de différentes scènes plus tristes les unes que les autres mettant Hal face à ses parents, son premier amour, mais également à toute la ville, mettant ainsi d’autant plus en valeur tout ce qu’il a perdu. Mais le deuil est très vie interrompu puisqu’ayant failli à l’un des principes fondamentaux du Green Lantern Corps, sa présence est requise sur Oa dans les plus brefs délais… et c’est là que tout bascule ! Quelque chose se brise dans le cœur du pauvre Hal qui devient fou et tuera quiconque se mettant en travers de son chemin vers la planète des Gardiens . Après avoir affronté certains de ses plus proches amis, il lui est enfin possible de s’expliquer avec les Gardiens , qui lui réservent néanmoins un ultime affront.
Bref, vous l’aurez compris Hal Jordan brisera au passage tous les principes les plus fondamentaux de la police intergalactique qu’est le Green Lantern Corps dans une saga qui donnera lieu à certaines des scènes les plus choquantes jamais vu dans la série à cette époque.


C’est donc bien entendu une excellente histoire qui mérite amplement son statut de grand classique et est une lecture indispensable pour tout fan de Green Lantern , mais à quoi bon détruire le personnage si la série fonctionnait jusque-là à merveille ?



Et bien cette remise à plat permet de se débarrasser en quelque sorte de Hal Jordan , qui a déjà accompagné les lecteurs durant tout l’âge d’argent et depuis les débuts de ce troisième volume … pour le remplacer par un nouveau Green Lantern ! En effet, Hal vole le pouvoir de la lanterne centrale et les Gardiens se sacrifient et laissent Ganthet seul maître à bord. Il ne lui reste assez de pouvoir que pour créer un dernier anneau, qui trouvera un jeune terrien : Kyle Rayner. Mais cela est une autre histoire.






Cet évènement est au final un prétexte haut de gamme à un chagement de direction. DC Comics auraient très bien pu simplement prendre la décision de conclure une aventure de Hal Jordan et de profiter de cette conclusion pour introduire un nouveau personnage, ce n’est pas du jamais vu. Ils ont préféré prendre le risque de créer cette véritable tragédie en trois actes qui revient sur le passé de Hal afin d’expliquer de la meilleure manière qui soit sa réaction, et enfin de donner des conséquences énormes à cette dernière. Ce procédé est en effet quasi inédit et l’on peut dire que le contrat est plus que rempli tant cette histoire continue de faire parler d’elle.


Ce qui est particulièrement intéressant dans cet Emerald Twilight, c’est le nombre de thèmes abordés en si peu de pages. En effet, Ron Marz met en évidence ce que Hal a perdu dans la tragédie qu’est la disparition de Coast City, mais cette mise en évidence n’a que pour but de nous questionner sur le fait de posséder du pouvoir. A-t-on le droit d’utiliser ce pouvoir à des fins personnelles ?
Car dans Green Lantern , nous suivons avant tout de simples humains ayant acquis un pouvoir extraordinaire qui les dépasse complètement. Ils passent d’hommes à demi-dieux. Par essence, ces héros sont bons, mais quel mal y aurait-il à utiliser de temps à autre tout ce pouvoir pour leur gain personnel ? Bien sûr, ici Hal les utilise pour soigner son cœur, mais le souvenir des êtres chers perdus est dans sa tête, donc pourquoi utiliser l’anneau pour donner forme à tout cela ?
Ce premier chapitre n’a au final rien d’anodin et nous amène clairement à nous poser énormément de question sur la possession d’un quelconque pouvoir.



Le second est totalement tourné vers l’action et est le cœur de la mise en abîme du personnage. En effet, il y affrontera des Green Lanterns, au départ plutôt éloignés de lui, un peu comme le serait par exemple une personne vivant dans la même région ou le même pays que vous. Mais plus on avance dans le chapitre, plus ses adversaires sont proches de lui. Bien entendu, vous vous doutez que cela ne modifie en rien l’issue de chacune des confrontations, et souligne la montée en folie du personnage.

L’ultime chapitre nous propose le dénouement de cette tragédie, avec Hal qui succombe face aux démons qui l’habite et s’empare d’un pouvoir interdit.



Nous avons donc pas mal de thèmes abordés en moins de 80 pages mais le plaisir est toujours présent. Pour finir, j’aimerais souligner la principale originalité de ce récit. Vous aurez sans doute remarqué l’utilisation de quelques mots du jargon lié au théâtre, et c’est en fait parce que le déroulement de cette histoire fait totalement pensé aux plus grandes tragédies que cet art a pu nous offrir. Tout est très théâtralisé en ce qui concerne l’aspect visuel, c’est d’ailleurs dans le premier chapitre que cela est le plus flagrant. Les poses de Hal soulignent l’aspect tragique du récit et le lecteur n’est à aucun moment ménagé puisque cette histoire débute par le chapitre le plus chargé émotionnellement.




Bref, vous l’aurez compris, Green Lantern Emerald Twilight est à juste titre un classique indispensable. Sa portée s’étend d’ailleurs bien plus loin qu’à un simple changement de direction de la série. En effet, Geoff Johns, avant d’être seul scénariste en charge de la série Green Lantern , a écrit Green Lantern : Rebirth, une mini-série qui est considérée comme une introduction à l’histoire qu’il a par la suite contée. Et bien sachez que cette mini-série pose les bases du nouvel univers de Green Lantern sur les éléments développés dans Emerald Twilight. Il est donc tout à fait envisageable pour vous mettre à Green Lantern de débuter donc par le tandem Emerald Twilight / Rebirth, ce dernier reprenant quasiment tous les éléments évoqués dans cet article pour envoyer une nouvelle fois le personnage dans une nouvelle direction.



Comme d’habitude, n’hésitez surtout pas à visiter le site de la librairie Apo(k)lyps, partenaire de la rubrique ! Vous y retrouverez tous les arcs cités dans ce numéro et Laurent et Rémi seront assurément là pour vous conseiller si vous souhaitez aller plus loin !