S'il est une histoire de Batman qu'il faut absolument avoir lue, c'est incontestablement The Killing Joke, le chef-d'œuvre d'Alan Moore et de Brian Bolland. Jamais la relation entre le Chevalier Noir et son ennemi juré le Joker n'a été abordée avec autant d'intensité que dans cette cultissime aventure. Le Joker se livre à une véritable guère psychologique pour déstabiliser ses adversaires afin de démontrer que n'importe qui peut sombrer dans la folie. On ne présente plus Alan Moore, le créateur de Watchmen et de V pour vendetta. On connaît peut-être moins Brian Bolland, qui est pourtant un grand artiste qui a notamment collaboré avec Grant Morrison sur Animal Man et Les Invisibles. Le psychopathe Joker, évadé, de l’asile d’Arkham s’en prend à la famille Gordon en laissant la jeune Barbara paralysée et en kidnappant le commissaire. De la violence gratuite, des flash-back sur le passé du clown sadique avant qu’il ne devienne ce qu’il est…Bref, une des œuvres majeures d’Alan Moore qui marquera la continuité de l’univers Batman. CULTE !
Si on m’avait dit que j’aurais un jour à écrire une critique de The Killing Joke ! Je pensais être tranquille, l’histoire étant sorti en 1988. Une critique 28 ans plus tard ? C’était sans compter la collection Eaglemoss sur DC Comics. Forcément, c’est un récit qui, malgré ses 48 pages, est devenu culte. Et puis voilà, c’est une œuvre du grand Alan Moore ! Qui suis-je pour oser donner mon avis sur ce genre de chose ? Du coup, on va faire simple : il faut lire The Killing Joke. Comment ça, il faut que je développe ?
L’histoire commence très simplement, avec le Joker qui s’échappe de l’Asile d’Akham. Sauf que cette fois, il est plus dément que jamais, et va aller encore plus loin que d’habitude. Le job d’Alan Moore est parfaitement accompli. Il nous propose une révision de cette lutte entre Batman et le Joker qui existe depuis le début de la série Batman. Il le modernise en l’ancrant dans l’Age Moderne des comics, une période très sombre, où de nombreux anti-héros voient le jour. L’histoire en elle-même n’est pas à se rouler par terre, même si ça reste efficace. Non, tout se situe dans les détails. Il y a par exemple les flashbacks montrant comment le Joker est devenu ce qu’il est – même si ce n’est pas à prendre à la lettre ; ou les situations comme- non, je vous laisse découvrir si vous ne l’avez jamais lu ! Avec cette histoire courte, Moore récupère ce qui fait l’essence de la relation entre Batman et le Joker, cet affrontement infini, et va la redéfinir de telle manière qu’on en ressent les impacts encore aujourd’hui.
Il m’arrive cependant d’apprendre encore des choses sur cette histoire, notamment le fait qu’elle serait de l’initiative de Brian Bolland, le dessinateur (on le sait grâce à l’éditorial de l’album). Ça se ressent dans le récit tant le dessin est maîtrisé, et semble prendre le contrôle de l’histoire. Dès les premières pages, on est happé par la mise en scène, sans une ligne de dialogue. Même si c’est probablement dû à une certaine censure, les sous-entendus des actions du Joker sont parfois même pires que si tout avait été montré. Et la nouvelle colorisation par le dessinateur rend l’œuvre très moderne, on a du mal à croire que l’histoire date de plus de 25 ans. Bref, je ne sais pas comment vous le dire autrement, mais vous devez lire cette histoire, l’une des meilleures de l’univers Batman. En revanche, Bolland parle dans sa postface d’une autre histoire, An Innocent Guy, qui est présente dans la version d’Urban Comics, mais absente ici. Dommage !
Cependant, il y a dans l’album d’Eaglemoss un récit qui se trouve lui dans un autre album d’Urban, il s’agit de Joker. C’est un graphic novel écrit par Brian Azzarello et dessiné par Lee Bermejo. Encore une fois, l’histoire débute par la sortie du Joker de l’Asile d’Arkham, à la différence qu’il sort car déclaré sain d’esprit. On va alors suivre son ascension dans Gotham, et sa tentative de reprendre le contrôle de la ville. Tout ça nous est raconté par un personnage extérieur, Jonny Frost, un inconnu qui veut devenir quelqu’un en aidant le Joker. Ce qui marque lorsque l’on lit les premières pages de l’histoire, c’est les similitudes au niveau du look du Joker avec la version cinéma incarnée par Heath Ledger dans The Dark Knight. Pourtant, l’album est sorti aux Etats-Unis la même année que le film, en 2008. Du coup, si vous avez aimé la version de Ledger, vous retrouverez ici un personnage très semblable.
Contrairement à d’habitude, Joker est plus un polar qu’un comics de super-héros. Même si on voit des personnages connus de l’univers Batman, la plupart sont relookés dans un style plus réaliste. Le Joker est violent et imprévisible, mais il est surtout moins extraverti. Lorsqu’il tue par exemple, il y a beaucoup moins de fantaisie. Finalement, ça ne serait pas le Joker, ça marcherait tout aussi bien, et c’est peut-être ce qui est un peu décevant. L’histoire reste tout de même captivante, et est plutôt bien écrite. Et heureusement, la présence du Joker finit par se justifier. Le dessin de Bermejo alterne entre de belles planches peintes, et des planches plus dures, avec un encrage plus grossier. Il arrive à donner une ambiance assez crade qui colle bien au récit. C’est finalement un excellent complément à The Killing Joke qui permet de voir deux aspects du Joker.
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