Pour commémorer la disparition de Superman il y a dix ans, un journaliste interview Lois Elliott, ex-Lois Lane et compagne du super-héros. Elle retrace une à une les aventures de Superman, jusqu'à son ultime apparition.
Contenu : Whatever Happened To The Man Of Tomorrow (Superman #423 + Action Comics #583) + Superman Annual #11 + DC Comics Presents #85

  • AfA
    AfA Staff MDCU

    il y a 8 ans

    Juste avant Crisis qui marquera la fin de l'univers DC tel que les fans le connaissaient depuis près de 50 ans, on confia au jeune mais déjà brillant Alan Moore la lourde charge de raconter la dernière histoire de Superman. En deux épisodes seulement, il réussit le tour de force de capturer toute la magie de l'univers naïf et bigarré du premier super-héros. L'hommage est à la hauteur et saura émouvoir les fans. Il est aujourd'hui unanimement considéré comme une des meilleures histoires de Superman. Cependant, un novice de l'univers de Superman risque de passer à côté d'une partie du récit et le dessin très old school de Curt Swan, dessinateur emblématique de l'homme d'acier, risque de moins bien passer auprès des jeunes générations. Le recueil contient une autre histoire de Moore qui a marqué les esprits au point d'être adapté en dessin animé. Le Superman Annual 11 est une histoire plus accessible qui nous montre une facette très touchante du héros. Sans être écrire récit imaginaire, Moore nous montre la vie que Kal-El aurait pu avoir sur Krypton et nous prouve que Supes a beau être invlunérable, il est loin d'être insensible. Deux récits marquants à posséder d'urgence.

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 8 ans

    Un grand classique, dans lequel Alan Moore rend hommage à l'homme d'acier et à son très bel et riche univers, dans un contexte qui ne lui impose aucune limite et lui permet de se lâcher pour offrir une superbe fin au personnage, dans un récit mémorable. C'est à avoir dans sa collection.

Prenez garde à vos vœux, ils pourraient se réaliser. S’inspirant de ce viel adage, Alan Moore et Dave Gibbons nous plongent dans les désirs secrets de l’homme d’acier le temps d’un annual resté dans les annales.

S’il y a bien une constante dans l’œuvre hétérogène d’Alan Moore, c’est son anticonformisme. Le génial scénariste s’arrange toujours pour trouver un angle d’attaque original même lorsqu’il s’agit d’aborder un personnage qui a près de 50 ans d’aventures derrière lui. Plutôt que de confronter Superman à une énième menace, il le place dans une position inédite : celle d’un homme qui obtient son souhait le plus cher. Hélas, comme toujours en pareil cas, ce cadeau fait au héros se révèle être un miroir aux alouettes et cette fable amère nous renvoie avec un cruel réalisme aux limites de nos propres rêves. Sans trop dévoiler l’intrigue, nous pouvons vous dire que le récit commence par l’arrivée de Batman, Wonder Woman et Robin à la forteresse de solitude le jour de l‘anniversaire de Superman. Or, celui-ci le fête au même moment sur Krypton, sa planète natale qui n’a jamais explosé, entouré de sa femme et de ses enfants.

Comme souvent avec cet auteur, la lecture se déroule sur plusieurs niveaux et les thématiques abordées sont bien éloignées des habituels poncifs super-héroïques. Précédant la vision de Byrne d’une Krypton déshumanisée, Moore est l’un des premiers à s’intéresser véritablement à la civilisation kryptonnienne. Cette société scientifiquement avancée n’est pas le paradis attendu et fait face à des difficultés qui ne nous sont pas étrangères. D’ailleurs, il est surprenant de constater à quel point l’analyse sociologique de Moore reste d’actualité près de 30 ans après sa parution. Mais plutôt qu’un pamphlet politique, cet annual est avant tout une réflexion philosophique sur le bonheur. On applaudira le courage du scénariste qui refuse la facilité en proposant une morale peu réjouissante mais pourtant juste et nécessaire. Que le propos intelligent ne fasse pas fuir les lecteurs en quête d’action et de détente. Le récit, bien que complexe dans sa construction et profond dans son propos, reste très accessible et propose tout ce qui fait le charme d‘un comic-book de super-héros : un vrai vilain, de vrais combats et même de l’humour. Du fait de ces différents degrés de lecture, cet épisode sera à même de combler les fans de tout âge. Pour preuve, il a été adapté dans la série animée Justice League Unlimited. Et, pour combler le tout, Moore truffe son récit de discrètes références à l’univers DC, nombreux clins d‘œil qui raviront les puristes.

Il s’est également ingénié à guider l’artiste en lui donnant des consignes très précises. Du découpage à la scénographie, la patte de Moore est partout identifiable. On retrouve notamment son art inégalé des transitions entre les scènes. Celles-ci peuvent être visuelles (un élément de la dernière case d’une scène étant repris dans la première case d’une autre scène), textuelles (la fin d’une phrase d’une scène se termine dans la première case d’une autre scène où elle prend un sens délicieusement ironique) ou contextuelles (ce qui se passe en début de scène fait écho à la scène précédente). Enfin, respectueux de la sacrosainte règle qui veut que chaque fin de page doit donner envie de lire la suivante, Moore place habilement les rebondissements et les éléments de tension dans la dernière case de nombreuses planches. L’emploi de ces techniques préfigure ce chef-d’œuvre de narration que sera Watchmen. En effet, le dessinateur et le scénariste se servent visiblement de cet annual comme galop d‘essai en vue de leur future collaboration. L’alchimie entre Moore et Gibbons est évidente. Le second respecte fidèlement les scripts du premier, scripts qui lui offrent toutes les indications nécessaires. Conteur hors pair, Gibbon ne recherche pas le spectaculaire, il se met complètement au service de l’histoire et donne à ses dessins une lisibilité parfaite. Grâce à son classicisme, ses traits vieillissent plutôt bien, ce qui est hélas moins le cas de la colorisation.

Conclusion : En 40 pages seulement et sans modifier la mythologie du héros, Moore et Gibbons composent une œuvre majeure de Superman. Si elle ne révolutionne pas le genre, ses qualités narratives, la maturité de son contenu et le regard neuf qu’elle porte sur l’homme d’acier et Krypton en font un incontournable. Chapeau bas aux auteurs qui ont parfaitement su conjuguer facilité de lecture et richesse du fond comme de la forme. N.B. : Cet épisode a été traduit dans l'album Bon anniversaire (collection Super-Héros, Éditions USA) et dans L'univers des Super-héros DC par Alan Moore (Panini). Notons aussi que sa popularité est tel qu'il fut adapté lors d'un magnifique épisode de la série animée Justice League Unlimited.

Points forts : Une narration brillante - De l’émotion, de l’action, de la réflexion - Le duo artistique de Watchmen

Points faibles : Une colorisation qui a vieilli - Certains gadgets kryptonniens sont datés

Note : 5/5