Scénario : Ryan ANDREWS
Dessin : Ryan ANDREWS
Couleurs : Ryan ANDREWS

Jeux macabres entre enfants dans Rouge sang, tourment du deuil enfantin dans Je n'ai rien oublié, évasion onirique dans Le Tunnel et naissance étrange dans Sarah et la Petite Graine, sont autant de thèmes abordés dans ce recueil. Quatre histoires surréalistes, à mi-chemin entre les contes fantastiques et les récits horrifiques des films de série B.

Pas d'avis pour le moment.

Ceux qui ne connaissent pas le monde des comics, ont tendance à faire l’amalgame avec le genre super-héroïque. Mais le terme comics est le mot anglais utilisé pour dire BD. Si pour un américain, Tintin est un comics, pour nous autres français, on utilise ce terme pour désigner toute la production anglophone de la BD. Et celle-ci est bien plus riche que ce que l’on peut imaginer à première vue. Il y a bien sur la grosse industrie super-héroïque avec Marvel et DC, mais aussi les indépendants. Et là encore, il y a plusieurs degrés. L’album Je n’ai rien oublié fait partie des plus indépendants des comics.

Ryan Andrews est un américain qui vit actuellement au Japon. Il a fait les Beaux-Arts Watts, et tient à jour un blog. Sur celui-ci, il publie des dessins, mais aussi des histoires en BD. Cet album regroupe quatre de ces histoires. Delcourt l’a publié dans la collection Outsider, plutôt inhabituelle pour un comics, et donc il peut passer inaperçu pour les amateurs de la collection Contrebande. Pourtant, ce choix est justifié tant les histoires sont peu communes avec celles que l’on lit généralement chez Contrebande. Bref, si vous voulez de l’action, du suspense et de l’aventure, passez votre chemin, cet album n’est pas fait pour vous. En revanche, si vous recherches des histoires courtes, plutôt poétiques et étranges, vous êtes à la bonne adresse.

A première vue, l’album semble en noir et blanc, mais en feuilletant, on peut apercevoir quelques couleurs uniques. La première histoire se nomme Rouge Sang, et suit la réaction d’une famille suite à une tombée d’oies mortes sur le toit de leur maison. La teinte rouge du sang est la seule couleur présente, et est justifiée car cet élément est au centre de l’histoire. On rentre dans une ambiance à la fois très mignonne, due au dessin assez cartoon, et plutôt glauque. On imagine qu’il y a du vécu derrière, mais c’est joliment raconté et très bien écrit. Dans le deuxième récit, Je n’ai rien oublié, qui donne donc son nom à l’album, on suit un petit garçon qui vient de perdre son père. L’histoire ne contient pas une lettre de texte, et est pourtant très agréablement lisible. L’histoire est teintée d’une certaine mélancolie, et est assez triste et émouvante, mais toujours très beau.

Dans la troisième histoire qui se nomme Le Tunnel, un homme découvre un trou dans sa salle de bain. Le pitch peut rappeler avec amusement le jeu vidéo Silent Hill 4, mais là, c’est bien plus bon-enfant. On imagine bien l’auteur dans sa salle de bain en train de penser cette histoire plutôt maline qui repose sur un procédé scénaristique et graphique original. Là aussi, le seul texte est consacré aux onomatopées. Enfin, Sarah et la petite graine est la dernière histoire, et nous raconte ce qui arrive à Sarah (et son mari) après avoir accouché d’une graine. Chargé de poésie et de tendresse, ce récit est divisé en plusieurs parties, avec des sauts dans le temps à chaque fois, et finit l’ouvrage sur une note optimiste.

Chacune de ces histoires se base sur une idée originale qu’Andews prend le temps de développer, et chacune a un élément fantastique. Je n’ai donné que les points de départ de chaque récit afin de vous laisser la découverte. La lecture est très aisée, et chaque histoire se lit rapidement et d’une traite. Difficile d’ailleurs de lâcher le bouquin une fois lancé. On a envie de découvrir un nouvel aspect de l’univers enfantin et poétique de l’auteur. Alors bien sûr, ces histoires sont tirées de son blog, accessibles gratuitement, et la moitié n’a pas besoin de traduction vu qu’il n’y a pas de texte. Mais, aux Etats-Unis, Andrews a proposé un Kickstarter pour en proposer une version papier. Et ce fut une idée judicieuse tant le papier apporte une valeur ajoutée à ce genre de récit. Surtout que la version de Delcourt, bien qu’en couverture souple, propose un papier épais de très bonne qualité. Bref, cet album est une très bonne surprise, et nous permet de découvrir une autre facette du comics.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

Graphisme enfantin
Plein de poésie
La variété des récits

LES POINTS FAIBLES

Risque de ne pas plaire à tout le monde

 

4

Décalé

Conclusion

Ici, on est très loin des super-slips, et autres comics d’action. Pourtant, la lecture originale que propose cet album mérite qu’on s’y intéresse. Ces quatre contes chargés de poésie sont un enchantement !