Scénario : Robert KIRKMAN
Dessin : Paul AZACETA
Couleurs : Elizabeth BREITWEISER

Kyles Barnes vit reclus dans sa maison, terrassé par un passé douloureux. Il lutte depuis son enfance contre l'emprise de démons sur sa vie et son entourage. Lorsque le révérend de sa ville natale le sollicite pour l'aider à pratiquer un exorcisme, Kyle commence à faire le lien avec la possession de sa mère. Il est sur le point de dévoiler la véritable nature de ses dons, qui vont s'avérer terrifiants.
Contient les épisodes US Outcast #1-6.

  • Sofia
    Sofia Staff MDCU

    il y a 9 ans

    Robert Kirkman, célèbre pour The Walking Dead revient ici avec une série mettant en scène Kyle Barnes, qui a vu sa vie se modeler autour de possession démoniaque. Une série qui ne laisse pas beaucoup place à l’humour mais qui se veut prenante dès le départ (si on aime ce genre d’histoire bien sûr). Le scénario est bien écrit, mais très peu de choses se passe au final dans ce premier tome servant plus d’introduction à un plus gros événement qui devrait arriver dans la suite. Les dessins sont bons et collent très bien à l'histoire.

Une nouvelle série écrite par Robert Kirkman, créateur de The Walking Dead, est toujours un petit évènement dans l’univers des comics indépendants. Encore plus quand le thème horrifique se rapproche de sa série-phare. Attention cependant, Walking Dead n’est pas considéré comme une série d’horreur par son auteur, mais Outcast si. Le scénariste est de plus en plus actif, et ne se lasse pas d’écrire des comics. Cette dernière est-elle celle de trop ? En tout cas, à la lecture du premier tome, ça ne semble pas être le cas, bien au contraire !

Lorsque Robert Kirkman a annoncé la série Outcast, il n’a pas tardé à révéler qu’une adaptation en série TV devrait arriver rapidement. On pouvait prendre ça comme une source d’inquiétude quand on voit les nombreuses choses que fait déjà le scénariste. Les deux grosses séries qu’il a créées, Invincible puis The Walking Dead, sont toujours scénarisées par lui, et ne semble pas avoir faiblies. Walking Dead a même été relancé sur de nouvelles bases il y a peu. De plus, son adaptation télévisuelle se porte bien, et Kirkman y est investi. N’oublions pas non plus son label Skybound, où il développe d’autres projets avec d’autres artistes, et dans lequel on a notamment l’univers partagé d’Invincible. Et l’auteur commence aussi à se diriger vers le cinéma avec une première production (Air). Bref, on se demandait comment il allait trouver le temps d’écrire une nouvelle série à côté de tout ça. Surtout que le développement d’une adaptation TV en parallèle prend du temps, et pose plusieurs problèmes avec le risque qu’un média soit délaissé par rapport à l’autre.

Lorsqu’on prend l’album dans les mains, on réalise tout de suite que Delcourt y croit. C’est un superbe ouvrage. Le format est plus grand que d’habitude, et le papier épais d’une très bonne qualité. Il contient les six premiers chapitres de la série, dont le premier est particulièrement long. Cette longueur permet de rapidement mettre en place l’histoire et l’ambiance de la série. Le personnage principal se nomme Kyle Barnes, et on découvre sa vie assez misérable. En parallèle, on suit une famille dont l’enfant semble possédé. Un révérend essaie de l’exorciser, mais cela prend du temps. Lorsqu’il rencontre Kyle, il lui propose de rencontrer le gamin. On découvre petit à petit des informations sur Kyle, et notamment qu’il a vécu la même chose avec sa mère qui était possédée. Il va alors arriver à exorciser l’enfant.

Le pitch est propre à de nombreuses histoires de possession, mais le personnage de Kyle est bien plus intéressant et profond que ça. Il a tout un passé qui se met petit à petit en place. Il a perdu sa femme et sa fille parce qu’il les battait par exemple. Il se sent coupable de ce qu’il a fait à sa mère qui s’est retrouvé dans un état végétatif après l’avoir exorcisée, sans bien comprendre comment puisqu’il ne croit pas vraiment à la possession des démons. Le personnage est donc quelqu’un d’extrêmement malheureux et déprimé. Mais de voir le gamin possédé, il va commencer à y croire, et à se reprendre en main. La grande force d’Outcast, un peu comme pour Walking Dead, c’est de se baser sur les personnages, et leurs interactions, plus que sur les évènements ou le sujet même de l’histoire. Sauf que là, tout est normal (ou presque), nous ne sommes pas dans un monde apocalyptique. On est dans une petite bourgade américaine tout ce qu’il y a de classique, que Kirkman utilise un peu comme Stephen King utilise ses villes du Maine.

C’est ce qui rend l’horreur palpable, puisque derrière ce quotidien normal, on a des choses assez violentes et flippantes qui se déroulent. A la fin du premier chapitre, on se demande ce que la suite peut nous réserver, car finalement, des possessions, ça n’arrive pas tous les jours. D’ailleurs, le révérend fait une remarque là-dessus. Non, bien sûr, mais on commence à comprendre que le monde décrit ici est un peu différent du nôtre, et semble beaucoup plus la cible de démons que l’on pourrait imaginer au premier abord. Encore une fois, comme pour Walking Dead, Kirkman réutilise de manière intelligente des éléments de la culture populaire pour les coller à ses personnages qui sont le vrai cœur de l’histoire. Le rythme retombe un peu après le premier chapitre, mais ce n’est pas négatif du tout. On s’attarde sur les personnages, et on savoure les dialogues très bien écrits par l’auteur.

On retrouve vraiment le style de Kirkman, avec une écriture simple, plutôt réaliste, et surtout très agréable à lire. L’ambiance et les thèmes abordés amènent un vent de fraicheur sur les séries de l’auteur. Paul Azaceta met tout ça parfaitement bien en image. Son style réaliste renforce le sentiment d’horreur lorsqu’on entrevoit le démon sur le visage du gamin possédé par exemple. Son découpage assez classique propose aussi quelques idées intéressantes. Tout est lisible et posé, avec de bons cadrages, c’est vraiment un plaisir à regarder. Sans oublier les couleurs d’Elizabeth Breitweiser qui subliment les planches. Il suffit de voir, par exemple, le travail sur des rayons de soleil couchant, traversant une fenêtre pour illuminer un visage, pour se rendre compte de l’atmosphère extraordinaire qui se dégage des dessins. Les artistes travaillent de concert pour nous offrir la meilleure lecture possible, et une ambiance assez incroyable, et très cinématographique. Alors oui, Outcast est une réussite. Kirkman, dans sa postface, nous promet une histoire sur la durée. On est en tout cas curieux, et très impatient d’en lire la suite.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

- Ambiance
- Les dessins et couleurs
- Les pistes lancées

LES POINTS FAIBLES

- Heu…

 

5

Superbe !

Conclusion

Encore une fois, Robert Kirkman pose les bases d’une série de manière magistrale, et donne vraiment envie d’en découvrir la suite. Bien que la comparaison avec Walking Dead soit tentante, Outcast se démarque presque totalement de son ainée, et propose une excellente atmosphère qui lui est propre. Bref, ne passez pas à côté de cette pépite !