Scénario : Herik HANNA
Dessin : Bruno BESSADI
Couleurs : Gaétan GEORGES

Alors qu'il affronte le successeur du Dragon Vert, la chance de Dead End semble subitement tourner. The Boss, le chef de l'agence d'espionnage, mène l'enquête pour découvrir comment Jack aurait perdu ses pouvoirs... et qui se cache derrière les masques de ces mystérieux adversaires. The Voice et la Dead Mobile en renfort ne seront pas de trop pour affronter la vérité...

  • Deadfox
    Deadfox

    il y a 10 ans

    A posséder absolument celui là X) (et ceux d'avant si vous ne les avez pas encore, c'est du CULTE !!! ;) Deadpool mais en plus trash encore ;)


Le 1er tome de Bad Ass m'avait personellement soufflé. C'était un de mes premier comics, et il était parfait à tout point de vue. On y suivait Dead End, jadis lycéen poissard et maltraité par ses camarades, aujourd'hui super-vilain. Une sorte de Deadpool, en moins taré mais bien plus salop, ayant un pouvoir assez original et une voiture-mecha perverse ! C'était original, parodique, rythmé, très très bien dessiné par Bruno Bessadi, encore mieux écrit par Erik Hannah; et surtout blindé d'humour, souvent noir et ne craignant pas vraiment la censure ! Bref, ça prouvait que le label Comics Fabric de Delcourt était totalement légitime et que oui, les français peuvent dépasser la majorité des comics US en terme de qualité. Rien que ça ! (il a d'ailleurs commencé à être publié aux USA).
Le 2ème tome, s'il restait excellent, m'avait un peu déçu. La faute je pense au personnage principal. Sorte d'Emma Frost psychopate, The Voice était intéressante à suivre, mais moins fouillée et fun que Dead End.
 
Le tome 3 débarque et, bien que Dead End et The Voice soient évidemment de la partie,  le personnage principal est ici The Boss, vu dans le tome 2 (ce qui explique le titre, c'est bien vous suivez). Sorte de Nick Fury croisé avec le Snake Plissken de New York 1997 (qui a inspiré le personnage de Solid Snake, excusez du peu), le patron du SWARD mène ici une enquête sur Dead End, qui a soudainement disparu. Et c'est l'occasion de retrouver des têtes familières mais aussi d'en croiser de nouvelles ! Je ne vous "spoilerai" pas plus sur l'intrigue (car même dans les premières pages, certaines planches font leur effet !), mais sachez qu'elle est articulée comme un thriller.
Et c'est là le principal problème. Si de base ce n'est pas une mauvaise idée, le côté fun et décomplexé de Bad Ass ne se marie que moyennement avec le thriller. Il y a évidemment des moments de tension, mais tout se résout assez vite, et on passe d'un indice à l'autre sans réellement avoir de suspect, sans vraiment pouvoir se plonger dans l'enquête de notre côté et c'est dommage. Dans le genre, Original Sin est plus convaincant, et Watchmen n'en parlons pas.
 


Reste que cela permet de se replonger avec délectation dans l'univers d'Hannah et Bessadi. On y croise par exemple un alien accro au ciné, et on y retrouve avec plaisir Master of Pain, sorte de Hulk masochiste; ou encore Eddy Looter (une loutre de cartoon détective et alcoolique !) dont l'origin story est à mon sens le moment fort de ce tome ! Les auteurs s'amusent toujours autant à parodier les super-héros (en particulier ceux de DC), et ça fait plaisir. Tout en y ajoutant leur propre touche. D'ailleurs l'un des points forts de cette série est d'effleurer des thèmes matures (par exemple la descente aux enfers dans le star-system, la pédophilie...) tout en les traitant avec énormément d'humour. Et de proposer une lecture du mythe super-héroïque de l'autre côté du miroir. Il y a même un point de départ pour une réflexion sur comment les super-vilains le deviennent et sur la régulation des super-héros par les ''simples mortels''.

Mais si l'univers reste génial, la trame principale déçoit quelque peu. The Boss est charismatique et drôle, mais il ne vaut pas Dead End ni The Voice. En outre, une piste très intéressante lancée dans le tome 2 n'est ici pas du tout exploitée et c'est dommage (peut-être dans le tome 4, espérons). Si ce tome véhicule parfois une certaine émotion, une bonne dose de tripaille et un sentiment de ''badasserie'' toujours aussi présent, il se révèle un peu moins drôle que les 2 premiers. En outre, si la fin présage un tome final qui peut envoyer du très très lourd (espérons cependant que ce ne soit pas trop simplement résolu, mais j'ai confiance en Hannah pour trouver un bon truc), le scénario commence à sentir d'un certain manque d'explication. Le SWARD y est ici au centre, mais concrètement on en sait toujours assez peu sur cette agence. Une simple double-page pour détailler certaines de leurs activités aurait été suffisant.

Côté visuel, là par contre rien à redire. Le trait de Bessadi est toujours aussi bon, et les scènes d'action sont complètement lisibles. Pour ceux qui redouteraient un côté trop ''BD franco-belge'' je vous rassure tout de suite, son dessin est complètement dans le style comics. Et les couleurs de Georges subliment l'ensemble, avec un très bon travail sur la luminosité en prime.

 

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- Une vraie bonne histoire de super-vilains
- De l'humour à tous les coins de rue...
- Les dessins
- Les couleurs
- Des sujets matures traités avec legèreté
- Les personnages et leurs pouvoirs
- Le flashback d'Eddy Looter
- Les dernières pages, qui promettent une conclusion épique

LES POINT FAIBLES

- Le côté thriller, vite expedié
- ...mais moins que dans les deux premiers
- Un manque d'explication sur certains points
- The Voice un peu trop sage
- Le cliffangher final du tome 2 n'a pas du tout de repercussions pour le moment.

 

3.5

Du bon super-vilain !

Conclusion

En conclusion, même si ce tome de Bad Ass est le moins bon des 3 parues pour l'heure; il reste bien au dessus de la moyenne des comics, et vous auriez clairement tort de vous en priver. Espérons que le scénariste revienne à son meilleur niveau pour un tome 4 qui s'annonce... sacrément badass !