Scénario : Gerard WAY, Shaun SIMON
Dessin : Becky CLOONAN
Couleurs : Dan JACKSON

Il y a des années de cela, un terrible affrontement opposa le groupe des Killjoys à la méga corporation B. L. I.. Cette dernière, victorieuse, continua d'aliéner les populations, de combattre les libertés et de dessaisir les citoyens de leur individualité. Mais Girl, unique survivante des Killjoys, est bien décidée à reprendre le combat et à faire définitivement taire ce sombre pouvoir despotique.
(contient The True Lives of the Fabulous Killjoys #1 à #6 + Free Comic Book Day "Dead Satellite" 2013)

  • FitzBDnetNation
    FitzBDnetNation

    il y a 10 ans

    Ouf difficile d'entrer dans l'univers de Killjoys sans connaitre les clips du groupe My Chemical Romance. Ce titre est un peu hermétique mais cela n'empêche pas des dessins magnifiques de Becky Cloonan sur un scénario de Gerard Way (chanteur de My Chemical Romance et déjà auteur du comics Umbrella Academy) qui veut clairement se rapprocher de son maitre Grant Morisson.

  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 10 ans

    Un titre dans lequel il est effectivement assez difficile d'entrer et assez difficile d'y accrocher pour rester. C'est un délire très particulier mais qui pourrait très bien vous plaire, il faut tenter l'expérience (et regarder les clips du groupe My Chemical Romance avant ça, qui servent en quelque sorte de préquel). Et puis, peut-être que les dessins de la talentueuse Becky Cloonan réussiront à vous charmer !

Whatever Gets You Through t...

The True Lives of the Fabulous Killjoys

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The True Lives of the Fabulous Killjoys

S'il y a une œuvre qui se doit d'être recontextualisée, c'est bien ce Killjoys, que les éditions Delcourt ont eu la très bonne idée de nous faire découvrir en France à travers une belle édition intégrale. Si vous possédez déjà le bouquin, il vous suffit de lire la postface des auteurs, elle est très complète et utile pour s'y retrouver, mais pour le reste faisons un point. L'univers décalé de « The True Lives Of The Fabulous Killjoys » est né de l'esprit de deux personnes, Gerard Way, leader du groupe musical My Chemical Romance, et Shaun Simon, musicien qui a accompagné le groupe lors d'une de leurs tournées, c'est là que tout a commencé. L'idée, c'est une bande de rebelles appelée les « Killjoys » qui luttent contre le système en place et la tyrannie totale du groupe BLI (Better Living Industries), dans un monde un peu farfelu et très coloré. L'idée aussi, était d'en faire un comic book, qui sera d'ailleurs annoncé en 2009. Sauf que voilà, le projet s'est stoppé net et la série n'a pas vu le jour. Gerard Way a alors l'idée de dédier son prochain album à ces Killjoys et de donner vie à ces personnages à travers deux clips, « Na Na Na » et « Sing ». Des clips très cool dans lesquels vous retrouvez même Grant Morrison en vilain !! (Et que je vous propose en bas de page, ça peut servir de bande son à cette review !). Plus tard, l'opportunité d'en faire un comic book devient finalement une réalité en 2012 et les deux auteurs écrivent donc la suite, dans une mini-série en 6 numéros, illustrée par la formidable Becky Cloonan.
 


On se retrouve donc plonger dans cet univers où les Killjoys originaux sont désormais morts et l'on va suivre l'une des seules survivantes du groupe, Girl, la fille qu'ils tentaient justement de protéger, la pensant spéciale et la voyant comme un messie, accompagnée d'un groupe d'admirateurs des Killjoys, qui poursuit le combat. Le premier aspect positif du comic book réside dans le fait qu'il est accessible à tous, que l'on ait suivi l'histoire des clips vidéos ou non, on nous offre deux expériences de lecture différentes. Si l'on connait déjà l'univers, on n'est pas du tout perdu et heureux de retrouver tout ce que l'on connait, si par contre on débute l'histoire des Killjoys en ouvrant le bouquin, on peut se sentir légèrement perdu dans les premières pages mais cela nous permet de découvrir au fur et à mesure cet univers très riche et ce qu'il s'est passé avant. Quelle est la meilleure manière d'aborder la lecture ? Difficile à dire. Personnellement, j'ai fait un peu les deux, j'avais vu les clips vidéos il y a quelques temps mais je ne les ai pas revu avant de me plonger dans la lecture. Je connaissais donc les grandes lignes mais plus le détails, il y a donc eu une grosse part de redécouverte très plaisante. L'intérêt de voir les clips avant est de pouvoir saisir toutes les références.
 


Il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre l'univers des Killjoys et des histoires telles que 1984, qui décrivent des sociétés dominées par un groupe despotique et privées de leurs individualités et de leurs libertés. On pourrait donc pointer du doigt que le concept de base n'est pas des plus originaux, pour autant, on s'éloigne assez vite d'autres grands récits sur le sujet, de part l'originalité et le côté très farfelu et coloré de l'univers (Les Killjoys affrontent quand même des Draculas avec des masques à la Michael Myers et des épouvantails encore plus étranges, sans parler de la dégaine des Killjoys eux-mêmes) mais aussi parce qu'on ne se concentre pas sur ce régime totalitaire en tombant dans une analyse politique et sociale mais plutôt sur le côté humain des personnages confrontés à ce régime. Derrière tout ce côté opposition d'idéaux et guerre ouverte entre deux groupes, Way et Simon abordent surtout des thèmes beaucoup plus intimistes comme la confiance, l'acceptation et l'affirmation de soi. Ce qui est parfaitement illustré par la fin de l'histoire, assez métaphorique et qui en déroutera peut-être plus d'un, mais très inspirée et totalement en accord avec le reste de l'histoire de ce comic book et le développement des personnages. Même si c'est une fin qui donne malgré tout l'impression d'être expédiée, se déroulant en très peu de pages, la résolution est bonne mais l'exécution aurait été meilleure avec un peu plus d'espace pour tous les évènements qui s'y déroulent et les personnages concernés.
Les auteurs appuient aussi leur propos en explorant le côté humain chez des êtres qui ne le sont pas avec une intrigue parallèle sur deux « porno droïdes ». Ils nous montrent que des androïdes sont capables de sentiments bien plus humains que les humains du groupe BLI, ce qui n'est pas une approche des plus fines mais l'histoire est vraiment très belle et efficace.

 


L'histoire et les thèmes abordés dans cette série sont donc très identificateurs et assez passionnants mais ce qui nous plonge vraiment dans cet univers et nous fait l'aimer est sans doute son ambiance. De la beauté et la tranquillité du désert à la froideur et la dureté de Battery City, des costumes et personnalités déjantés des Killjoys à la douceur et la grande beauté des porno droïdes, de ces ennemis délirants et sans pitié tout droit sortis d'un film d'horreur à cet aspect post-apocalyptique où des résistants maintiennent le moral des troupes grâce à une station de radio et de la poésie. Un mélange des genres qui ne tombe jamais dans le « too much » et nous accroche dès les premières pages pour ne plus nous lâcher. On souhaiterait même qu'il y ait plus de numéros pour pouvoir y retourner.
 


 

Evidemment, cette ambiance n'aurait jamais pu voir le jour sur ces pages sans le magnifique travail de Becky Cloonan. Je suis un grand fan et donc déjà converti et convaincu avant même d'avoir vu la première page mais franchement, pas besoin d'objectivité ici, les planches parlent d'elles-mêmes. Son trait plutôt rond et chaud dans un univers assez froid apporte beaucoup à l'ambiance très spéciale du titre qui mélange les genres. Ses décors, que ce soit un désert vide et à la fois très riche ou le centre ville de Bat City reflètent aussi la personnalité de cette œuvre. Mais la spécificité de Cloonan est de surtout se concentrer sur ses personnages et on le voit encore une fois ici. La beauté et l'expressivité de ceux-ci n'est plus à remettre en cause, il suffit de regarder l'androïde Blue pour être totalement séduit. Et puis quand vous pouvez faire passer autant de choses simplement dans les yeux d'un chat, je dis respect. On sent aussi parfaitement l'évolution de Girl dans son dessin, ce qui reste le point central du récit.


Tout aussi important à l'oeuvre, les couleurs de Dan Jackson. L'univers très coloré et délirant des Killjoys demandait un travail assez particuliers et Jackson a relevé le défi haut la main, il donne totalement vie à cette histoire. Et s'il y avait une manière de mettre encore plus en lumière les dessins de Cloonan, il l'a fait.

 


En plus de tout ça, Delcourt nous propose ce récit dans une très belle édition cartonnée, avec du papier épais de qualité (j'ai dû vérifié plusieurs fois qu'il n'y avait pas deux pages collées tellement le papier est épais). On a en plus quelques jolies bonus et une postface des auteurs qui remet un peu d'ordre dans toute cette histoire. Que demander de plus.
 

En Résumé

 

LES POINT FORTS

- L'ambiance
- L'univers
- Les thèmes
- Becky Cloonan
- Les couleurs

LES POINT FAIBLES

- Une fin un peu expédiée

 

4

Fabuleusement divertissant !

Conclusion

Oeuvre très particulière, à la trajectoire un peu compliquée et ancrée dans un univers farfelu préexistant, Les Vrais Vie des Fabuleux Killjoys n'en reste pas moins une vraie belle réussite. Si ce n'est pas les thèmes et les personnages, ce sera l'univers et la formidable ambiance qui vous accrocheront d'entrée pour ne plus vous lâcher, et il y a même de fortes chances pour que ce soit tout ça en même temps ! Ne vous laissez pas rebuter par le passif ou le côté très « indé » de l'oeuvre, je vous promets que ce n'est pas un frein et que découvrir cet univers vaut plus que le coup.