Scénario : Joe KEATINGE
Dessin : Ross CAMPBELL
Couleurs : MS Shatia HAMILTON, Owen GIENI, Charis SOLIS

Glory, alias Gloriana Demeter, est une super-héroïne issue de l'union entre la reine des Amazones et le Seigneur des Enfers. Après avoir disparu pendant une décennie entière, Glory est découverte par une jeune journaliste. Elle réveille alors non seulement ceux qui la tenaient à l'écart du monde... mais aussi la moitié démoniaque qui sommeille en elle ! Et les ennuis ne font que commencer.
Contient les épisodes US Glory #23-34.

  • susano-wo
    susano-wo

    il y a 10 ans

    La série indé Glory s'est vraiment révélée avec l'arrivée de Joe Keatinge sur le titre et Delcourt a la bonne idée de ne publier ici que les épisodes écrits par ce très bon jeune scénariste qui commence actuellement à faire son trou chez Marvel (Morbius, Marvel Knights : Hulk). Les dessins de Ross Campbell sont franchement bons et extrêmement dynamiques. Si vous êtes à la recherche d'un personnage féminin fort, Glory est faite pour vous !

Glory est un pari comme le font maintenant de manière régulière les Editions Delcourt. Il faut avouer que ce dernier se révèle pourtant assez risqué : prendre Glory, une création de Rob Liefeld du début des années 90, un pur produit Image Comics mais loin de faire partie des plus célèbres, s'accompagne nécessairement d'une grande incertitude.
 
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Petit retour rapide sur le personnage, qui est pour ainsi dire l'équivalent de l'amazone Wonder Woman dans le catalogue d'Image Comics. Elle est apparue pour la première fois dans Youngblood Strikefile #1 paru en 1993. Glory est le fruit de l'union entre une amazone et un démon, dans la vision originale, elle ressemble un peu à une Wonder Woman albinos au look typique des héroïnes de comics de l'époque. Elle partagera l'affiche avec Supreme à l'occasion de la seconde Guerre Mondiale revue et corrigée par Image, et Alan Moore écrira même quelques-unes de ses aventures. Mais voila, elle n'a pas l'aura de la plupart des autres héros apparus dès les débuts de Youngblood ou WildC.A.T.S. et sera peu à peu oubliée. Mais en 2011, Image Comics, dopé par le succès de Walking Dead prend davantage de risques et décide de lancer une nouvelle série publiée à partir de février 2012. L'écriture de cette dernière est confiée à Joe Keatinge, un jeune scénariste qui s'était en fait jusque-là plutôt illustré dans le monde de l'édition avec ses anthologies Popguns, qui ont d'ailleurs été lauréates des Harvey et Eisner Awards. Les dessins sont assurés par Ross Campbell, une valeur sûre dans le monde des comics indépendants des années 2000.

Première bonne nouvelle, cet ouvrage est totalement indépendant et peut donc se lire comme n'importe quel roman graphique. La Glory que nous y découvrons est d'ailleurs totalement différente de la version classique du personnage. Ses origines sont conservées, tout comme le concept même du personnage. Mais visuellement, cette dernière a eu droit à un relooking en profondeur. Sa silhouette  typique de super-héroïne Image Comics des années 1990 - taille de guêpe et poitrine généreuse - elle la troque contre une apparence très masculine, un physique bodybuildé à l'extrême plus en phase avec sa nature de guerrière censée être suffisamment puissante pour écraser les armées de son père ou de sa mère (au choix)

Mais plus que le relooking de l'héroïne, c'est l'amour que semble porter Joe Keatinge au personnage. Ainsi, bien qu'il nous propose de suivre les aventures de Gloriana Demeter, il inclut par exemple dans le casting secondaire la serveuse Gloria West... Qui est en fait l'alter-ego de Glory dans la version d'Alan Moore. Ce respect de ses pairs se retrouve dans toute la construction de ce nouvel univers, qui ne traduit en rien l'original alors qu'il est tout à fait différent. Il suffit pour cela de prendre pour exemple le fait que les parents de Gloriana sont désormais des extra-terrestres, ce qui n'était initialement pas du tout le cas. D'ailleurs, le scénariste ouvre son récit avec un numéro se déroulant dans le passé, il profite de flashbacks pour nous résumer de manière rapide et efficace les aventures de Glory comme contées autrefois par Liefeld.
Vous l'aurez compris, Joe Keatinge réalise un travail méticuleux de modernisation de la mythologie du personnage en modifiant en profondeur son univers mais sans jamais le trahir.
 
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Lorsque l'on découvre cet ouvrage, on comprend aisément pourquoi la Maison des idées n'a pas tardé à venir toquer à sa porte. Sans faire un récit qui passera à la postérité comme un classique du genre, il offre à ses lecteurs une histoire bien ficelée et rudement efficace. il nous propose de découvrir l'essentiel de cette histoire en compagnie de Riley, une jeune journaliste américaine à l'apparence frêle. Cette dernière est le lien de tous ces super-êtres avec le monde dans lequel on vit, et où se déroule l'histoire. D'ailleurs, il est important de noter que pour un lecteur français, cet ouvrage a une saveur toute particulière puisqu'il se déroule presque exclusivement en France, dans un premier temps sur le Mont Saint-Michel, avant de rapidement migrer vers la région parisienne.
Pour en revenir au récit en lui-même, il est très bien ficelé grâce à une structure maligne qui prend rapidement tout son sens. Le scénariste consacre ses trois premiers numéros au passé, au présent et au futur, avant de vite revenir dans le temps qui nous intéresse le plus : le second. Ce numéro 3 que l'on peut initialement penser prophétique ne prendra pas forme, et c'est bien entendu là le but que ce dernier s'est fixé. Écrit comme une véritable fuite, Glory ne peut qu'aboutir à un affrontement final qui verra l'ensemble des intrigues lancées se conclure. le voyage est par moments prévisible, mais cela ne fait rien. les personnages sont attachants et l'univers développé par le jeune scénariste nous happe complètement.


On ne peut bien entendu pas passer outre la performance de Ross Campbell qui est franchement bonne. Cette dernière dénote franchement avec la couverture, qui est nettement moins convaincante que l'intérieur de l'ouvrage. Avec cette dernière, Delcourt a malheureusement fait une petite erreur car elle n'attire pas franchement le regard, et puis surtout, ce dessin est moins bon que presque tout ce que renferme l'ouvrage. Campbell a un style bien rond qui rappelle souvent les séries Aspen, en particulier au niveau des visages de ses personnages. Il a un grand talent pour dessiner les monstres et en fait une excellente utilisation tout au long de l'ouvrage en proposant des créatures extrêmement variées mais qui ont toutes comme point commun leur laideur.
Ce qui est assez intéressant, c'est également ce parti pris de donner à Glory un visage qui tranche totalement avec son corps ultra-bodybuildé. Ses traits sont fins et elle a un visage de jolie jeune femme. Les passages durant lesquels elle se retrouve habillée comme une personne absolument normale prêtent bien entendu à sourire, idem avec une scène ayant eu lieu juste après une partie de jambes en l'air.
Pour finir, on se doit tout de même de souligner que cet ouvrage n'est pas à mettre entre toutes les mains. en effet, il est visuellement très violent et le dessinateur prend un malin plaisir à séparer les corps sous l'impact des coups de Glory et ses congénères. lorsqu'ils sont de la partie et qu'un humain se retrouve au milieu du conflit, il y a fort à parier qu'il devienne une victime collatérale, mais également qu'un membre ou sa tête se désolidarise du reste, avec les gerbes de sang qui vont bien.
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En définitive, Glory est une très bonne surprise que l'on attendait pas forcément au tournant. Cette héroïne typique d'Image Comics plutôt méconnue gagne ici un récit qui la met vraiment en valeur, mais qui a surtout permis l'émergence d'un scénariste talentueux.


[conclusion=3,5][/conclusion][onaime]- Le respect de l'oeuvre
- Une réécriture intelligente d'un univers
- Ca se passe en France ![/onaime][onaimepas]- Des facilités scénaristiques
- Trop de sang[/onaimepas]