* Review initialement publiée le 10/02/2014 *
Depuis le lancement de sa collection Indies, Urban Comics adapte avec Black Beetle pour la deuxième fois, après "The Secret", un titre du catalogue de Dark Horse. L’occasion pour le détenteur de la licence DC d’explorer un nouveau pan du vaste univers des comics : le pulp. Et pas de façon anodine puisqu’il s’agit de l’œuvre écrite et réalisée par Francesco Francavilla, le dessinateur du premier arc consacré à Batman, "Sombre reflet", qu’Urban avait édité en 2012. L’occasion également de venir chercher sur son terrain le concurrent Panini, qui a également publié ces dernier mois deux titres étiquetés « pulps », "Shadow" et "Masks". Entre diversifier ses titres et attirer un nouveau lectorat, Urban Comics s’est encore amusé à intervenir là où on ne l’attendait pas. Mais un autre défi de taille l’attend avec "Black Beetle" : l’irrégularité de la publication en VO. La deuxième mini-série ("Necrologue") est peut-être déjà prévue pour 2014 mais sans date de parution précise. D’autant plus que Dark Horse avait annoncé qu’il s’agirait d’une série mensuelle, avant que Francavilla ne précise qu’elle ne serait finalement constituée que de mini-séries.
Cette édition propose comme contenu "Black Beetle #0", un court récit de trois chapitres, "Ronde de nuit", datant de 2012 et les quatre épisodes qui constituent la première mini-série, Sans issue (No way out). Et surtout une large partie réservée aux bonus, loin d’être négligeables.
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C’est en 2006 que né ce héros bien énigmatique surnommé le Black Beetle, des coups de crayons de Francavilla qui a toujours, selon son aveu, voulu rendre hommage aux années pulps de l’âge d’or des comics. Puis il faudra attendre 2009 pour voir surgir de son imagination les premières histoires de ce héros dont on ne connaîtra jamais, dans ce premier tome, la véritable identité. Côté apparence, tout en sobriété, à l’image de ses aventures : un personnage encagoulé et encapé tel un Batman sans les pointes sur la tête (ce sera la seule comparaison possible avec le super-héros) et équipé d’un mystérieux pistolet à rayon baptisé «
Kara Böcek ». Ajouté à cela, comme décor, une ville, Colt City, aux allures d’une métropole de la côte Est, avec ses gratte-ciels et autres projecteurs de lumières qui habillent le ciel nocturne tandis que le Black Beetle affronte un groupe de Nazis venus cambrioler un musée… oui on sent déjà la qualité rugueuse du papier en fibre de bois sous les doigts…, un ennemi au nom et au concept très recherché… et preuve que le scénariste maîtrise son sujet, il a placé son récit à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Autrement dit, tous les critères pour une histoire de ce genre sont remplis, les codes sont respectés, Francavilla a réussi son pari.
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Mais au-delà de ces prérogatives littéraires, le scénariste et dessinateur s’est offert un véritable terrain de jeu sur lequel il s’est tout simplement fait plaisir. Dans cette histoire très simple à suivre mais pas naïve, sans prise de tête, le lecteur est avant tout invité à découvrir sans vraiment réfléchir l’univers à la fois chaud et sombre de l’artiste. Entre les mystères archéologiques et des membres de la mafia italienne qui ne veulent pas rester morts, certains plans empruntés aux films classiques et d’espionnage, dont la posture du héros sur la couverture est un parfait exemple, les scènes d’actions et un jazz bar au doux nom de
Coco Club, cette histoire est une invitation au voyage vers une époque qui semblait révolue et que Francavilla ressuscite avec une grande facilité. Même les dessins, très caractéristiques du dessinateur avec cette palette de couleur noire, jaune et orange qu’il affectionne particulièrement sont un tremplin pour rentrer dans cette ambiance mystérieuse et à suspense digne des polars noirs des années 30 de Dashiell Hammett.
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Urban Comics nous avait déjà habitués à sortir de nulle part des titres de qualité, des perles publiées chez des petits éditeurs et qui ne bénéficiaient pas forcément de grande publicité. Ici le pari est encore une fois réussi même s’il faut avouer que choisir une œuvre de Francavilla n’était pas un défi de grande ampleur puisque l’artiste n’est pas un anonyme. Et même si le calendrier des parutions des aventures du Black Beetle ne s’organisera qu’au gré des disponibilités du scénariste, pas de doute que ce monde pulpeux sera de taille à accueillir un large lectorat désireux de sortir de l’univers des super-héros. Et s’il lui reste tout de même beaucoup de chantier à lancer pour développer l’arrière-fond et lui donner un peu plus de consistance, Francavilla a pu compter sur l’éditeur Dark Horse pour s’en charger à travers une vaste campagne de promotion. Posters, cartons, couvertures spéciales, toutes évidemment reprenant le code graphiques des affiches rétros et surtout figurant dans la quinzaine de pages d’annexe de ce tome. En compagnie de nombreuses ébauches et croquis du dessinateur, annotés de nombreux commentaires qui offrent une lecture complémentaire riche en détails. Un plus peu négligeable car même si on pense au besoin de remplissage, chaque planche reste tout de même un petit bijou de composition à scruter, le tout pour un prix honnête.
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En Résumé
LES POINT FORTS
- Les codes du genre pulp respectés
- L'ambiance caractéristique de l'artiste avec des couleurs chaudes et sombres
- Des bonus en annexe utiles
- Une lecture divertissante...
LES POINT FAIBLES
- ... qui manque un peu de relief
- Un univers pas assez développé
Conclusion
Avec ce premier tome des aventures du Black Beetle, le petit bébé de l'artiste accompli Francesco Francavilla, Urban Comics se lance quelques mois après Panini sur la route du pulps revival. C'est à dire ces titres qui s'inspirent des récits de la première moitié du XXe siècle, remplis d'action, de suspense et baignant dans une ambiance noire. Mais le scénariste et dessinateur impose sa signature à travers des dessins caractéristiques, une palette de couleur devenue sa signature et surtout une histoire plutôt décomplexée, sans prétention qui assume son rôle de divertissement. Tout en respectant tous les codes du genre, ce qui permet de plonger dans une ambiance rare actuellement dans le monde des comics. Une lecture tout simplement coup de coeur !
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