Scénario: Morrison Grant – Dessin: Quitely

Flex Mentallo est un des plus grands super-héros de l'histoire des comics mais c'est aussi une création complètement fictive du dessinateur Wally Sage. Au moment où ce dernier fait une tentative de suicide, Flex se lance à la recherche de son ancien allié, le Fait. Au terme de leurs odyssées, le Créateur et la Créature vont-ils finir par se rencontrer ? (contient Flex Mentallo : the Deluxe Edition)

  • Doc'
    Doc'

    il y a 11 ans

    L'oeuvre que l'on ne doit absolument pas rater. Relativement rare en v.o, ce récit méconnu de Morrison doit probablement être l'un de ses meilleurs. Nous retrouvons l'Ecossais dans ce qu'il fait de mieux, reprendre un personnage et construire tout un univers autour de lui. Partageant son histoire entre surréalisme et mythe de la caverne, il nous emmène avec l'aide du génial Quitely dans une histoire qui ressemble beaucoup à ce qu'il a fait sur Animal Man (ou les Doom patrol). Achetez le, cela fera du bien à votre cerveau ... surtout compte tenu de ce qui sort en majorité actuellement.

  • FitzBDnetNation
    FitzBDnetNation

    il y a 11 ans

    Si vous passez outre le fait que le héros soit un bodybuilder professionnel toujours en slip et que cela ne choque personne, alors vous pourrez savourer une histoire totalement barrée (mais pas trop pour du Morrison), servie par des dessins de Fran Quitely, forcément au top. C'est une mini-série assez vieille, mais Urban fait encore une fois le pari de sortir des récits atypiques. Merci.

  • syfare
    syfare

    il y a 9 ans

    Un mec en slip leopard ca peut être que génial !

[i]Flex Mentallo[/i] est une mini-série en 4 numéros écrite par Grant Morrison et dessiné par Frank Quitely, publiée sous le label Vertigo de DC Comics en 1996. [center][img]http://www.mdcu-comics.fr/upload/comics/covers/fr/img_comics_4862_flex-mentallo.jpg[/img][/center] [b]« Bon sang ! Les tarés se sont tous donné rendez-vous ici, on dirait une chaîne, une usine à barjots… »[/b] [i]Flex Mentallo[/i], est l'une de ces séries totalement barrées et absolument dingues de Grant Morrison, dans la veine de [i]The Invisibles[/i] et [i]The Filth[/i], dont on a l’impression que l’auteur était sous acide, ou autre psychotropes du genre, lors de l’écriture. Ne cherchez pas une narration linéaire, ne cherchez pas une histoire de super-héros basique, ne cherchez pas un sens à tout ce que vous lisez, ne cherchez même pas à appréhender absolument tout ce que Morrison vous lance en plein visage, ça relève de l’impossible. C’est un récit considéré comme « métafictionnel », donc ça devrait déjà vous donner une idée de la complexité et de la profondeur du truc. Mais reprenons les choses dans l’ordre. Enfin essayons. Flex Mentallo est un personnage que Morrison a repris de son run sur la série [i]Doom Patrol[/i], jusque là tout va bien. Dans cette série [i]Doom Patrol[/i], on a aussi découvert le créateur du personnage, Wally Sage. Scénariste et personnage qu’il a crée dans la même histoire, on commence effectivement à entrer dans de la métafiction sous forme de mise en abyme et les limites entre fiction et réalité s’amenuisent. Ensuite, Morrison invente tout un passé pour Mentallo et en fait l'une des grandes icônes du comic book des Âges d’or et d’argent, à l’instar d’un Superman. Et c’est justement de ça que va se servir le scénariste écossais pour traiter le thème principal de son histoire, un hymne aux comic books super-héroïques d’antan, ceux avec des muscles exagérés, avec des costumes ridicules multicolores, qui affrontent des vilains ridicules et l’emportent toujours facilement. Ces histoires et ces héros qui ont fait rêver tellement d’enfants, se sont installés dans l’imaginaire collectif et ont construit les bases de tout ce qu’on connaît, ceux qu’on prend un plaisir coupable à lire, sans se prendre la tête, le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent. Grant Morrison est un amoureux de cette époque et de ces personnages et milite, à travers ce récit, pour leur retour et un retour à des choses plus simples, plus naïves. Parce que les comic books sont devenus plus sombres, plus noirs, plus violents, abordant des problèmes plus durs, plus réalistes, plus sensibles, avec des récits plus intenses, profonds et psychologiques. Pour ce faire, Morrison nous offre une histoire où Flex Mentallo est le dernier des super-héros de sa génération et où il doit sauver tous ses « collègues » des premiers âges du comic book, envoyés aux oubliettes. On revit les grandes époques et grands événement de l’histoire des comics, qui ont changé le média et l’ont rendu plus sérieux et complexe, comme les problèmes sociaux traités, les terres parallèles, multivers et les différentes crises qui en sont la conséquence ou encore l’ombre menaçante de la bombe nucléaire et l’influence de la période de la Guerre Froide. On y croise aussi des tonnes de références dans tous les sens (évidemment, c’est du Morrison), dont on peut s’avérer heureux si on n’en saisit ne serait-ce que la moitié. Tous ces éléments sont un pur régal à lire pour tous les amoureux du comic book et de ses racines, de cet âge qu’on n’a pas forcément connu mais qui nous tient à cœur parce qu’on sait pertinemment que tout vient de là. [center][/center] [b]« A quoi servent les filles quand on a des comics ? »[/b] L’autre thème majeur de ce récit est le lien qui se tisse entre un scénariste et sa création, son personnage, et l’impact que ce « travail » et cette passion peuvent avoir sur un créateur de comic book. Wally Sage est le créateur de Flex Mentallo mais aussi l'un des personnages principaux de l’histoire. On le voit durant tout le récit totalement à la ramasse et déboussolé, que ce soit chez lui, dans son appartement bordélique de célibataire, au milieu des feuilles volantes ou couché dans une ruelle, sous la pluie, pensant qu’il va mourir et livrant ses dernières pensées et réflexions quasi incompréhensibles. Dans un sens, Morrison émet la possibilité qu’il soit drogué et qu’il fasse une overdose, ce qui fait le parallèle avec ce qu’on disait plus haut, quand on a l’impression que Morrison est sous acide quand il écrit des trucs pareils. De manière générale, il est connu que tous les grands génies ne prenaient pas que de l’eau lors de la réalisation de leurs plus grandes créations. C’est aussi un hommage que Morrison rend au processus de création qu’il a dû expérimenter plus d’une fois. Wally Sage est donc dépassé, perdu, hanté par ces comic books et ces super-héros qu’il a en tête, dont il connaît l’existence mais qui dans la réalité n’existent plus. Il essaie de lutter, de se rappeler, de sauver cette part d’innocence en lui, de retourner à cette époque dorée. Et on le voit alors enfant, découvrant les comics, se plongeant dans cet univers fantastique pour ne plus en sortir. On le voit aussi redouter la bombe nucléaire et en être obsédé. Morrison nous livre ici une sorte de biographie de sa jeunesse et de la manière dont il est devenu amoureux des comics, et surement de la manière dont beaucoup de petits garçons de l’époque, notamment futurs scénaristes comme lui, le sont devenus. Il aborde aussi encore une fois ce processus de création, d’où viennent toutes ces idées qui permettent aux créateurs et artistes de nous faire rêver, cet endroit qu’il appelle « Là-où-tu-trouves-tes-idées ». Mais être créateur de comic books est aussi ingrat, Morrison nous en montre tous les côtés négatifs et les sacrifices qu’amènent le fait de vivre constamment dans l’imaginaire et d’être déconnecté de la réalité. Wally Sage n’arrive pas à garder de fille dans sa vie, par exemple, un élément bien traité par Morrison, qui là aussi doit réfléchir sur sa propre expérience. Mais au final à quoi servent les filles quand on a des comics ? C’est là tout le magnifique paradoxe qui nous est présenté et que les grands fans de comics, eux aussi, connaissent peut-être. Morrison nous sert donc une superbe analyse du métier, et de la passion, parce que les lecteurs de comics se reconnaitront aussi en de nombreux points. [center][/center] [b]« Toute la réalité flanche, et pendant que je suis de garde en plus. »[/b] Tout ça est assez génial, malheureusement c’est loin d’être accessible et appréciable pour tout le monde. On a d’abord le type de narration qui pourra décourager plus d’un lecteur. Ce n’est en aucun cas linéaire, on se rend compte finalement que tout n’est pas raconté dans l’ordre et pas de la plus simple des manières et surtout que plusieurs réalités sont présentes et qu’on passe d’une à l’autre sans trop s’en rendre compte. Il est assez difficile de rentrer dans ce récit, j’ai moi-même eu du mal, mais il faut persévérer et s’accrocher parce qu’au final ça vaut le vraiment le coup. Il faut au moins tenter jusqu’au bout parce que le dernier numéro est absolument génial et révèle beaucoup de choses, éclaircissant toute l’histoire et faisant comprendre qu'on est en fait face à un p***** de chef d’œuvre. L’autre difficulté d’accessibilité de ce récit réside dans le fait que pour comprendre son essence et ses thèmes et pour être touché par ce que l’auteur essaie de nous dire, il faut déjà avoir une certaine expérience dans les comics et une sensibilité pour les super-héros. Sans ça, vous passerez totalement à côté de la beauté et de la puissance de cette histoire et vous vous retrouverez seulement devant un truc qui n’a aucun sens à vos yeux. Donc un comics qui ne plaira pas à tout le monde, c’est plus que certain, à réserver aux passionnés, aux amoureux des super-héros en slip. Il va donc de soi que commencer à lire du comics par ce livre peut s’avérer être une très mauvaise idée. [center][/center] Au dessin de ce récit on retrouve un artiste dont le talent n’est même plus à discuter, Frank Quitely. Morrison et lui vont beaucoup travailler ensemble après [i]Flex Mentallo[/i] et sont devenus l'un des duos les plus talentueux qu’on ait connu. Leur complicité transpire des pages de leurs histoires et c’est déjà le cas avec ce Flex Mentallo. Peu de personnes arrivent aussi bien à mettre en forme et en images les délires de Morrison et c’est un vrai atout majeur ici tellement ça aurait plus être encore plus compliqué à lire si les dessins n’avaient pas été à la hauteur. J’adore les traits et le dynamisme de ce dessinateur, c’est toujours un régal de voir ses planches. Il peut ici se lâcher et prendre un grand plaisir à dessiner tous ces super-héros de l’ancienne génération, aux costumes plus farfelus les uns que les autres. Les dessins sont vraiment du même niveau que le scénario, c’est vous dire. [b]Grant Morrison nous offre un hymne absolument magnifique aux comic books et aux super-héros d’antan. C’est un pur régal à lire si on possède une certaine sensibilité pour ces thèmes. C’est le genre de lecture dont on ne ressort pas indemne, qui nous fait encore plus aimer les comics et les super-héros et qui nous rend tellement fier de notre passion et de cet univers dans lequel on se plonge régulièrement, avec toujours un grand plaisir et une grande excitation qui nous est propre. Merci Monsieur Morrison pour ce chef d’œuvre.[/b] [conclusion=5][/conclusion] [onaime]- Les thèmes abordés - La profondeur et la portée du récit - Les dessins - Pour les passionnés de comics par des passionnés de comics[/onaime][onaimepas]- N'est pas à conseiller à tout le monde[/onaimepas]