Découvrez la légende d’Elfquest depuis les origines ! Lorsque le chef Cutter et les Wolfriders , menacés d’anéantissement, doivent quitter leur forêt natale, un monde aux paysages multiples s’ouvre à eux. Ils feront face à des humains primitifs, des trolls cupides... mais aussi à d’autres clans elfiques et à leur magie longtemps oubliée. Des ennemis se révèlent, des alliances se forgent et de féroces batailles se mènent dans cette grande épopée fantastique.

Aujourd’hui, Snorgleux Comics fait renaître la saga " Elfquest " offrant ainsi à la scène du comics français, les clefs de cet univers empreint de magie et de valeurs profondément humaines.

Pas d'avis pour le moment.

Certaines séries de comics, qui ne paient pas de mine au premier abord, révèlent un gros potentiel, et deviennent finalement cultes. Tout le monde connaît les blockbusters super-héroïques, mais la BD américaine recèle aussi d’histoires tout aussi bonnes, voire meilleures, chez les éditeurs indépendants. Elfquest fait partie de ces séries qui ont su s’imposer malgré un travail assez artisanal de deux auteurs. Si ce titre ne vous dit rien, nous allons réparer ça en partant du tout début.

Et le début commence en 1978, lorsque le couple Pini, Wendy et Richard de leurs prénoms, décident de lancer leur propre série de comics. Répondant à l’adage « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », ils font rapidement le choix de s’autoéditer, par leur maison d’édition créée pour l’occasion, WaRP Graphics (WaRP pour Wendy and Richard Pini bien sûr). A l’époque la série se fait remarquer pour plusieurs raisons. Les comics underground, pas dans le sens obscur ou bizarre, mais plutôt non publiés par Marvel ou DC, commençaient tout juste à émerger. Les thèmes brassés, ou le fait qu’une femme ait une place aussi importante dans l’équipe créative sont des choses qui ont été remarquées. La série a rencontré un certain succès, et s’est surtout créé un noyau dur de fans qui ont suivi cette aventure, et toutes les autres. Car oui, il y en a eu d’autres, puisqu’il y a une série encore en cours aujourd’hui chez Dark Horse.

La grande saga se déroulant dans l’univers d’Elfquest a engendré plusieurs séries contenant chacune un nombre de numéros variable. Les éditeurs ont été plusieurs aussi à publier ces aventures. En France, la série débute dès 1984, soit à la fin de la première série (une vingtaine de numéros) aux Etats-Unis. L’éditeur est Jacky Goupil dans un premier temps, puis Vents d’Ouest lorsque Goupil en devient directeur de collection. Nommée Elfquest au début, elle devient Le Pays des Elfes, et le dernier numéro, le 32, sortira en 1999. Depuis, aucun album d’Elfquest n’est sorti en France. Du moins jusqu’à récemment. L’Antre de Snorgleux est une librairie BD situé à Marseille qui existe depuis une vingtaine d’années, et comme ce n’est pas suffisant, elle a décidé de lancer sa propre maison d’édition de comics : Snorgleux Comics. Elfquest est leur première série, et le tome 1 est sorti en janvier 2017 (en parallèle de magnifiques tirages limités noir et blanc du tome 1 de Birthright et de l’intégrale de Bad Ass, si ça vous dit).

Après cette grosse introduction pour présenter un peu l’histoire de la série si vous ne la connaissiez pas, nous allons nous intéresser à l’album en lui-même, et à son contenu surtout. L’histoire débute dans un monde assez proche du nôtre, mais à une époque sans technologie, à l’aube des temps. Les Elfes arrivent sur Terre, apparemment pacifiquement. De peur, les humains vont les attaquer, les empêchant de repartir. Depuis ce moment-là, il y a une guerre entre les deux races. On fait un bond en avant, et on se focalise sur un groupe d’Elfes, les Wolfriders. Leur nom vient du fait qu’ils vivent avec des loups, et les montent pour se déplacer. Ils sont une vingtaine, nocturnes, et leur chef se nomme Cutter. La guerre va franchir une étape au moment où les humains décident de mettre le feu à la forêt où vivent les Elfes. Sans tanière, ils partent à la recherche d’un refuge. Ainsi est lancée la grande aventure d’Elfquest. Nous avons donc là de l’héroic fantasy pur jus, dans la lignée de Tolkien, mais suffisamment différent pour être captivant.

La narration est assez simple, tout comme les dessins de Wendy Pini. Le style est assez cartoon, les mains ont seulement quatre doigts par exemple, mais la façon de raconter est aussi proche du dessin animé, extrêmement fluide. Alors qu’à l’époque, on trouvait des comics assez lourds dans la narration, Elfquest a une lecture très agréable, et ça n’a étonnamment pas vieilli. Il faut dire que le travail d’édition est exemplaire. Les planches ne présentent aucune marque du temps, malgré un âge proche de 40 ans ! On suit donc avec un grand plaisir l’aventure que vont vivre ces Elfes. Ils vont dans un premier temps devoir se battre pour survivre, mais ensuite, la menace se calme. C’est alors le plaisir de la découverte qui prend le dessus. On explore un monde inconnu, on apprend les us et coutumes des Elfes, et leur Histoire. L’exploration est riche, et très cohérente. A titre de comparaison, la lecture d’Elfquest m’a rappelé le plaisir que j’ai eu à lire Bone, une série sortie 13 ans après.

Vous l’aurez compris, ce comics est assez éloigné de la production actuelle, ce qui est finalement très rafraîchissant. Lire cet album est assez régressif, il nous fait retomber en enfance, avec un récit qui peut être destiné à la jeunesse, mais qui est suffisamment bien écrit pour captiver les adultes. Alors bien sûr, il ne faut pas être allergique à l’héroic fantasy, aux histoires d’Elfes, de Trolls et de magie, même s’il y a quelques autres références, amérindiennes par exemple avec l’utilisation des noms. D’ailleurs, en parlant des noms, Snorgleux a fait le choix de ne pas les traduire, contrairement à la première édition française. Fine-Lame devient Cutter, le Mage Skywise, etc. Cette décision n’est ni positive ni négative, juste différente, surtout que les significations des noms sont données dans des fiches de personnage à la fin d’ l’album. Autre différence, la précédente édition publiait les numéros un par un, Snorgleux va les publier quatre par quatre. Cinq tomes vont suffire pour publier tout le premier cycle.

Bref, si vous avez découvert la série chez Goupil ou Vents d’Ouest et l’avez appréciée, cette nouvelle édition mérite l’achat tant la qualité de l’album est au rendez-vous. La lecture y est modernisée par le beau travail fait sur les planches. Si vous ne connaissiez pas la série, je ne peux que vous inviter à tenter l’aventure. Il existe d’ailleurs une manière très simple de savoir si la série vous plaira ou non. En effet, Snorgleux propose sur son site l’intégralité du premier chapitre du tome 1, soit le quart de l’album ! De plus, le prix de ce premier tome est très intéressant, encore moins cher que d’acheter les quatre albums de la précédente édition. Snorgleux Comics, en tant que jeune éditeur, vise juste avec cette première publication, et on espère qu’il nous proposera bientôt d’autres albums de cette qualité.

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

La narration
L’univers cohérent
L’exploration
Inventif

LES POINTS FAIBLES

Un genre particulier
Tout public

 

4.5

Le retour !

Conclusion

Beaucoup de plaisir à (re)découvrir cet univers d’héroic fantasy, dans une nouvelle et très belle édition.