Scénariste : BENDIS Brian Michael, MCFARLANE Todd, NILES Steve
Coloriste : TEMPLESMITH Ben, WOOD Ashley
Illustrateur : TEMPLESMITH Ben, WOOD Ashley

Réunie en un seul volume de plus de 400 pages, Hellspawn repousse les limites du fantastique horrifique grâce aux talents conjugués des plus grands créateurs de ces vingt dernières années, au service du rejeton de l’Enfer créé par Todd McFarlane !

Spawn est une série créée par Todd McFarlane en 1992. Dans Hellspawn, le personnage et les ambiances évoluent sous la plume de géants de la BD US (Bendis, Niles, Wood et Templesmith), qui redéfinissent totalement le mythe et l’univers de cet anti-héros incomparable. Cette intégrale reprend l’ensemble des épisodes de la série, agrémentée des couvertures et d’illustrations inédites.

Pas d'avis pour le moment.

L’année 2017 sera l’occasion de fêter plusieurs anniversaires, dont certains concernent le monde des comics, comme les 100 ans de Will Eisner. Quant à Image Comics, l’éditeur célébrera ses 25 ans d’existence. Un quart de siècle qu’atteint aussi l’un de ses personnages les plus emblématiques : Spawn. Delcourt ne manque pas l’occasion, et nous propose dès le début d’année l’intégrale de la série HellSpawn.

Aujourd’hui, l’univers de Spawn est assez sage, avec une unique série, l’historique, Spawn. Ce ne fut pas toujours le cas, et la popularité qu’a connue le personnage a permis à son créateur, Todd McFarlane, de pouvoir développer plusieurs séries en parallèle de la principale. D’ailleurs, Delcourt en a déjà publiés quelques-unes, notamment les séries Sam & Twitch. La série HellSpawn est sortie aux Etats-Unis entre 2000 et 2003, puis en France chez Sémic, et en kiosque chez Delcourt. Seize chapitres en tout que l’éditeur français a choisi très pertinemment de publier en un seul gros volume. L’histoire est assez particulière puisqu’elle prend la suite de la série principale, tout en étant un spin-off. Pour faire simple, elle peut être lue indépendamment du reste, et elle n’impacte pas la série principale. En fait, HellSpawn débute aux alentours du Spawn #100 américain.

Ce numéro anniversaire apportait plusieurs gros changements dans la série. Il s’agit de la victoire finale de Spawn contre Malebolgia, et la mort d’Angela. Ces conséquences seront développées dans HellSpawn. On a donc tout un background que l’on retrouve de la création de McFarlane. Pourtant, celui-ci passe un peu au deuxième plan, et quelqu’un qui connaît mal Spawn pourrait très certainement saisir le principal. Une bonne partie de la galerie de personnages sont présents ici, comme le Clown, les clochards, Sam, Twitch, Cy-gor, etc., donnant des allures de best of de la série principale. Il y a cependant quelques différences de taille qui rendent cette série si particulière. Le premier scénariste, Brian Michael Bendis, propose une narration un peu différente ici. On retrouve notamment ses dialogues qu’il aime tant. Si au début, il tombe un peu dans ses travers, il va vite se rattraper, et nous proposer un récit intéressant.

Plus qu’une histoire, Bendis va proposer une ambiance. On lit des discussions de clochards, mais aussi de forums internet, parlant de Spawn. Le personnage est une légende urbaine, chacun en a sa vision, certains ne croient même pas à son existence. Le scénariste nous propose aussi des histoires de gens ordinaires, mais teintées de désespoir et d’horreur. Tout ça est renforcé par le dessin sombre d’Ashley Wood. Son style mélange dessins, peintures et collages. Au début, un peu maladroit dans son storytelling, il va vite prendre ses aises. Le choix des teintes, pleines de gris, de marrons, et de rouge, ses personnages déformés, tout travaille pour donner une ambiance malsaine, urbaine, organique, sale. Le trait se veut volontairement fuyant, suggérant parfois plus que montrant, laissant notre cerveau imaginer les pires scènes. Ne serait-ce que pour le dessin, il faut lire cet album.

Les thèmes exploités sont des thèmes classiques de l’univers de Spawn. Des histoires de vengeance contre les violences gratuites, le racisme, l’homophobie… Spawn est toujours ce personnage ambigu, qui cherche à rétablir sa version de la justice, toujours par le biais de la violence, faisant le jeu de l’enfer. Il y aurait beaucoup à dire sur ces thèmes très bien traités par Bendis, et son successeur, Steve Niles, mais le mieux est de découvrir par soi-même. Ce dernier scénariste prend le flambeau avec le sixième chapitre. La transition se passe très bien malgré la différence de style qu’il va mettre en place. En effet, son récit est moins décousu que celui de Bendis, et il se sert d’une voix off pour nous décrire les évènements qui se déroulent. La lisibilité en est améliorée. Le scénariste va reprendre les mêmes thèmes, et va assurer la parfaite continuité de l’histoire.

Ashley Wood cède lui aussi sa place dans le chapitre 10, à un artiste avec un style proche : Ben Templesmith. Celui-ci a un trait plus grossier, moins stylisé. Les tons de couleurs restent cependant les mêmes, et l’ambiance générale est très peu impactée. C’est peut-être un peu moins bon, mais ça reste très intéressant. De plus, Niles propose une grosse conclusion, avec une issue qui permet de pouvoir considérer l’album comme un récit complet. Le livre de Delcourt est très proche des albums Spawn que l’éditeur propose déjà, en plus gros. Le papier est épais, rien à redire. A la fin, il nous est offert plusieurs pages de bonus. Ce sont essentiellement des croquis, des recherches et des dessins des artistes. Et c’est un régal quand on voit le niveau des planches de la série !

En Résumé

 

LES POINTS FORTS

L’ambiance
Les magnifiques planches
Les thèmes
Le concentré de Spawn

LES POINTS FAIBLES

Une lisibilité au début peu claire
Quelques dialogues à la Bendis

 

4.5

D'enfer !

Conclusion

Cet album est un excellent moyen de prolonger l’histoire de Spawn, tout en poussant plus loin l’ambiance. C’est aussi une bonne solution pour découvrir cet univers. A lire !