Panini Comics

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  • Julien
    Julien Staff MDCU

    il y a 11 ans

    Méga fan de Brian Wood, j’ai forcément plongé avec enthousiasme dans ce numéro, comme à chacun de ses nouveaux numéros et surtout quand il s’agit d’un #1. Et c’est aussi évidemment un plaisir attendu que d’en faire la critique. Mais voilà, et si jamais ce n’est pas bien ? Et si je suis déçu ? C’est bien sûr toujours le risque mais un risque très mesuré avec Brian Wood tellement cet auteur fait des merveilles avec tous les sujets qu’il aborde, Mara ne faisant pas exception. Alors beaucoup trouvent qu’il a travaillé sur trop de séries en 2012 et que la qualité de son travail est discutable sur certains de ces titres, comme les X-Men chez Marvel entre autres. Je ne suis pas forcément d’accord avec ça mais en tout cas, une chose est sûre, Mara ne sera pas le titre de trop. La qualité première de ce titre est l’introduction et la contextualisation de l’histoire et de cette époque future dans laquelle Wood nous plonge. Dès les premières pages, on comprend que c’est le futur, de part le design des habitations, les nouvelles technologies high-tech encore plus poussées, etc… le tout, très bien mis en valeur par Ming Doyle. Mais on a aussi une très bonne présentation du postulat de départ de la série, à savoir une société orientée essentiellement vers le sport et la guerre à travers des petits extraits de journaux télévisés qui ne parlent que de ça. Et ensuite on nous lance directement dans le bain avec un match de volley et l’introduction du personnage de Mara. C’est bien fait, c’est bien écrit, c’est plus que clair, on est tout de suite dans l’ambiance. Juste avant le bain de foule on a aussi une page avec Mara assise seule dans son vestiaire, donnant cette impression de calme avant la tempête qui fait son effet. Une autre page aussi très intéressante et assez chouette nous présente mieux Mara dans une sorte d'affiche promotionnelle, nous donnant encore plus l’impression de « sponsoring » extrême. D’autres petits éléments assez ingénieux sont toujours de gros plus pour établir le contexte et l’ambiance, comme les oreillettes et micros durant les matchs pour gérer en temps réel la diffusion du match. De manière générale, ce qui est vraiment plaisant et intéressant dans cette lecture c’est que c’est assez différent de ce qu’on peut lire habituellement et on le sent tout de suite. Rien que le sport n’est pas forcément un des sujets privilégiés des comics mais en plus installé de ce contexte là, c’est assez original. La critique par contre qu’on peut faire de ce premier numéro réside dans le fait qu’on n’ait pas grand-chose de plus à quoi s’accrocher en dehors de l’immersion dans cette société et de la présentation des personnages. Le numéro finit de manière assez abrupte, je me suis d’ailleurs surpris à penser « ah mince, c’était la dernière page ? », juste au moment où l’élément perturbateur, et dans un sens le cœur de l’histoire, commençait à pointer le bout de son nez. Au final, tout ce qui est présenté dans ce numéro, on l’avait déjà appris par le synopsis de la série, même si ça ne remet pas en cause la qualité de ce premier numéro. On se dit que quelques pages de plus auraient été une bonne chose pour accrocher le lecteur. Mais il ne faut pas craindre pour la suite parce qu’il en a des choses à dire Brian Wood, il ouvre plein de pistes dans ce premier numéro, que ce soit au niveau de la « spécificité » de Mara révélée à la fin ou de ses relations avec ses proches, introduites dans ce premier numéro, en plus de tous les thèmes sous-jacents à une telle société. Il est quand même très riche ce Mara #1, mine de rien ! C’est Ming Doyle qui officie au dessin, une dessinatrice que je ne connaissais pas encore et que je suis bien content de découvrir tellement elle nous sort un numéro de qualité. Les décors des premières pages et l’immersion dans cette société futuriste sont très réussis et on perçoit tout de suite un très fort dynamisme dans sa façon de dessiner. Impression plus que confirmée lors des matchs de Volley où en quelques cases elle arrive à faire véritablement vivre le match. Même si je pose quand même un bémol au niveau du réalisme, avec des placements assez bizarre à certains moments, mais qui en même temps mettent en valeur Mara et le jeu, ce qui est surement l’effet voulu. Les traits de Ming Doyle sont assez élégants et elle est tout aussi douée dans les scènes plus calmes de conversation entre les personnages, voire de monologues face à nous comme avec la scène du frère. Une belle surprise. Mara est un comic-book qui change de ce qu’on est habitué à lire et qui s’avère très dépaysant, dans le bon sens du terme. Ce premier numéro est quasi-impeccable dans son exécution et son introduction à l’histoire. On peut simplement regretter de ne pas en apprendre assez au niveau des réels enjeux et du cœur de l’histoire. Brian Wood conclut son année 2012 marathon par une nouvelle série de qualité et qui, j'en suis sûr, une fois terminée, s’avérera être une excellente série.